Uglies (2024) : Une dystopie Netflix qui rate le coche

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Un pitch alléchant, une exécution bancale

Sorti le 13 septembre 2024 sur Netflix, Uglies, réalisé par McG, adapte le roman culte de Scott Westerfeld, figure du young adult des années 2000. Dans un futur dystopique, la société impose à tous les adolescents une opération chirurgicale à 16 ans pour devenir des « Pretties », des êtres à la beauté standardisée. Tally Youngblood (Joey King), une « Ugly » impatiente de se transformer, voit ses certitudes vaciller lorsqu’elle découvre les secrets derrière cette perfection imposée. Sur le papier, un concept qui promet une réflexion mordante sur le conformisme et les standards de beauté. Dans les faits ? Une adaptation fade qui ne rend pas justice à son matériau d’origine. Voici pourquoi Uglies déçoit, malgré quelques éclats.

Un univers mal exploité

Le roman de Westerfeld brillait par son monde riche : une société post-apocalyptique divisée entre les « Uglies » (les adolescents non-opérés), les « Pretties » (les adultes transformés) et les Smoke, une communauté rebelle. Le film, lui, simplifie cet univers à l’extrême. La ville des Pretties, censée incarner un idéal artificiel, ressemble à un décor de série B, avec des CGI cheap qui jurent à l’écran. Les gadgets futuristes, comme les hoverboards, sont sous-exploités, et les scènes d’action, mal chorégraphiées, manquent d’impact. On est loin de l’immersion des grandes dystopies comme The Hunger Games ou Blade Runner.

Pire, le film élude les nuances du livre. Là où Westerfeld explorait les tensions psychologiques et sociales du conformisme, Uglies se contente d’une intrigue linéaire : Tally passe de naïve à rebelle en un claquement de doigts, sans que son évolution soit crédible. Les personnages secondaires, comme Shay (Brianne Tju) ou David (Keith Powers), sont réduits à des archétypes, et l’antagoniste, Dr. Cable (Laverne Cox), bien que charismatique, manque de temps à l’écran pour imposer une menace tangible.

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Joey King sauve (un peu) les meubles

Si Uglies reste regardable, c’est en grande partie grâce à Joey King. L’actrice, également productrice exécutive, insuffle une énergie sincère à Tally, capturant son conflit intérieur avec une certaine justesse. Chase Stokes (Outer Banks), en Peris, et Laverne Cox, en Dr. Cable, font ce qu’ils peuvent avec des rôles sous-écrits. Mais même ce casting prometteur ne peut compenser un scénario qui enchaîne les clichés du genre : une héroïne élue, une romance prévisible, et une rébellion qui manque de substance.

Une critique sociale en surface

Uglies veut parler de beauté, d’individualité et de contrôle social – des thèmes brûlants à l’ère d’Instagram et des filtres. Mais le film reste en surface, se contentant de messages simplistes (« sois toi-même ») sans creuser les implications de son univers. Pourquoi cette société impose-t-elle la beauté ? Quelles sont les racines de ce système ? Le livre offrait des pistes ; le film, lui, préfère une résolution expéditive. Résultat : on ressort avec l’impression d’avoir vu un épisode pilote plutôt qu’une œuvre aboutie.

Réception : un flop critique, un succès relatif

Sur X, les réactions sont cinglantes. « Uglies, c’est Divergent avec un budget Wish », ironise un utilisateur. Les fans du roman déplorent les coupes dans l’histoire, notamment l’absence de certains arcs narratifs clés. Avec un score de 20 % sur Rotten Tomatoes et des critiques qui pointent un « gâchis potentiel », Uglies ne convainc pas la presse. Pourtant, il trouve un public, notamment chez les ados, séduits par Joey King et le message accessible du film. Sur Netflix, il s’est hissé dans le top 10 à sa sortie, preuve que le young adult a encore un écho, même mal adapté.

Pourquoi ça ne fonctionne pas ?

Uglies arrive trop tard dans un paysage saturé de dystopies adolescentes. En 2024, le genre a été essoré par des franchises comme Divergent ou The Maze Runner. Pour se démarquer, il fallait soit une vision audacieuse, soit une fidélité irréprochable au roman. McG et Netflix n’offrent ni l’un ni l’autre. Le budget limité (visible dans les effets visuels) et le scénario expéditif trahissent un manque d’ambition. On sent que Netflix a voulu surfer sur la nostalgie des fans du livre sans prendre de risques. Dommage, car l’univers de Westerfeld méritait mieux.

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Et après ?

Une suite, basée sur Pretties, le deuxième roman, n’est pas confirmée. Vu la réception tiède, il est peu probable que Netflix poursuive, sauf si les chiffres d’audience surprennent. En attendant, Uglies reste un cas d’école : une adaptation qui rate son coup par manque de moyens et de vision.

Verdict : 2,5/5

Uglies n’est pas le désastre absolu que certains décrivent, mais il ne marque pas les esprits. Joey King et le concept de base sauvent le film du naufrage, mais la mise en scène paresseuse et le scénario édulcoré le condamnent à l’oubli. Pour les fans hardcore de young adult ou de Westerfeld, un visionnage curieux peut valoir le coup. Pour les autres, passez votre chemin : Netflix a mieux en stock.