Depuis plus de 15 ans, les experts en cybersécurité le répètent : le pare-feu sortant est indispensable. Et pourtant, encore aujourd’hui, peu d’utilisateurs — même pros — prennent la peine d’en installer un qui tienne la route.
Windows intègre bien un pare-feu de base. Mais il ne fait qu’un service minimum. Il bloque les connexions entrantes, oui. Mais il laisse passer tout ce qui sort sans vous demander votre avis. Résultat : vous ne voyez jamais qu’une appli cause avec un serveur en Russie ou que votre logiciel “gratuit” envoie vos données en douce.
Pourquoi utiliser un pare-feu tiers
Un bon pare-feu tiers, c’est comme ajouter une porte blindée avec judas à votre système :
- Il vous alerte lorsqu’un programme essaie de se connecter à Internet.
- Il vous permet de bloquer ou autoriser chaque flux sortant.
- Il vous donne le pouvoir de décider, au lieu de faire confiance aveuglément.
Contrairement à ce que certains pensent, ce n’est pas réservé aux paranoïaques. C’est une bonne pratique de base, au même titre que l’antivirus ou les mises à jour.
Le combo gagnant : Fort Firewall + GlassWire
Deux outils gratuits se complètent parfaitement.
Fort Firewall est un pare-feu léger, granulaire, efficace. Il bloque tout en sortie, et vous demande à chaque nouvelle tentative de connexion : vous autorisez ou non. Une fois les règles posées, il se fait oublier.
GlassWire, de son côté, est une sorte de tableau de bord visuel. Il vous montre, en temps réel, qui parle à qui sur votre machine : IP, géolocalisation, appli, historique… même la version gratuite est déjà très parlante.
À deux, ils forment un duo simple et puissant :
- Fort bloque, vous choisissez.
- GlassWire montre, vous comprenez.
À propos de la désactivation du “noyau de sécurité” Windows
Depuis Windows 11, Microsoft a activé par défaut certaines couches comme “l’intégrité de la mémoire” (HVCI) ou “l’isolation du noyau”. Ces options peuvent paraître utiles — et elles le sont dans certains contextes — mais elles posent des problèmes concrets :
- Ralentissements sur les machines reconditionnées ou pro.
- Conflits avec certains pare-feux tiers.
- Impossibilité de faire tourner des outils un peu techniques.
Faut-il tout laisser activé par principe ? Pas forcément. Un utilisateur pro, qui n’installe pas n’importe quoi et maîtrise ses flux, peut très bien désactiver ces options en toute connaissance de cause, pour gagner en performance et en compatibilité. Ce n’est pas une faille, c’est un choix assumé, avec un rapport risque/bénéfice clair.
La vraie sécurité, c’est le mille-feuille
Un pare-feu seul ne suffit pas. Ce qu’il faut viser, c’est une superposition cohérente de protections :
- Un pare-feu sortant : Fort, Portmaster ou SimpleWall.
- Un outil de visualisation réseau : GlassWire ou NetLimiter.
- Un antivirus à jour (Defender suffit si on est sérieux).
- Des mises à jour automatiques (Windows, logiciels, drivers).
- Un compte utilisateur non admin pour les usages quotidiens.
- Un DNS filtrant (NextDNS, AdGuard DNS…).
- Et surtout : du bon sens.
Aucun logiciel ne remplacera jamais la discipline numérique.
Conclusion
Ce sont des bonnes pratiques connues, éprouvées, utilisées depuis des années. Et elles le resteront encore longtemps. Parce qu’un poste de travail, ce n’est pas un smartphone verrouillé. C’est un outil puissant, mais vulnérable. Et ça se respecte.
Alors oui, on entend encore des phrases comme :
- “Mais les antivirus, ça sert à rien maintenant…”
- “Moi j’ai un Mac, y a pas de virus.”
- “Je suis ingénieur, je sais ce que je fais.”
Très bien. Mais la réalité, c’est que même les pros se font avoir. Parce que ce n’est pas une question d’intelligence, c’est une question de surface d’exposition. Et ceux qui prennent le temps de blinder leur poste — sans parano, mais avec rigueur — sont ceux qui dorment tranquilles.