RGPD, DMA et autres sigles inutiles face au fingerprinting de Google

RGPD, DMA et autres sigles inutiles face au fingerprinting de Google

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Avec la fin annoncée des cookies tiers, le fingerprinting est devenu la nouvelle norme pour suivre les utilisateurs sur internet. Contrairement aux cookies, cette technique d’identification numérique repose sur des éléments impossibles à bloquer complètement, comme les caractéristiques du navigateur, les paramètres système ou encore le comportement de navigation. Google est l’un des plus grands acteurs de cette technologie, qu’il utilise non seulement pour la publicité, mais aussi pour la sécurité et la détection des cybermenaces.

Dans cet article, nous allons détailler le fonctionnement du fingerprinting, comment Google l’exploite et les implications en matière de vie privée et de cybersécurité.

Le Fingerprinting : Qu’est-ce que c’est ?

Le fingerprinting est une technique qui permet d’identifier de manière unique un utilisateur en collectant diverses informations sur son appareil et son comportement en ligne.

Les éléments clés du fingerprinting

Voici les principales données collectées par Google et d’autres acteurs du web :

  • User-Agent : Type et version du navigateur, système d’exploitation.
  • Résolution d’écran et densité de pixels : Facteur distinctif pour identifier un appareil.
  • Extensions installées : Certaines extensions créent une empreinte unique.
  • Langue et fuseau horaire : Informations utilisées pour affiner l’identification.
  • WebGL et WebRTC : Technologies permettant d’obtenir des informations sur la carte graphique et la connectivité.
  • Adresse IP et géolocalisation approximative : Permettent de déterminer la région de l’utilisateur.
  • Mouvements de souris et frappe clavier : Signature comportementale unique.

Ces éléments combinés forment une empreinte numérique unique qui peut être utilisée pour suivre un internaute même après suppression des cookies.

Pourquoi Google Utilise-t-il le Fingerprinting ?

Publicité et suivi des utilisateurs

La suppression des cookies tiers dans Google Chrome ne signifie pas la fin du tracking. Google utilise désormais Privacy Sandbox, qui repose en grande partie sur le fingerprinting pour attribuer des profils d’utilisateurs à des groupes de centres d’intérêt (Topics API).

L’objectif est de continuer à offrir un ciblage publicitaire précis en identifiant un utilisateur sur plusieurs sites sans nécessiter de cookies.

Sécurité et lutte contre la fraude

Le fingerprinting est également utilisé par Google pour :

  • Détecter les bots et les scripts automatisés : Via reCAPTCHA, qui analyse les mouvements de souris et le comportement du navigateur.
  • Identifier les connexions suspectes : En détectant des incohérences entre l’empreinte d’un appareil et l’IP utilisée.
  • Prévenir le phishing et les prises de contrôle de compte : En bloquant les tentatives de connexion inhabituelles.

Optimisation des services

Google utilise le fingerprinting pour :

  • Personnaliser l’expérience utilisateur en adaptant les performances et les fonctionnalités affichées.
  • Améliorer la compatibilité des services selon le matériel et le navigateur utilisé.

Applications du Fingerprinting en Cybersécurité et Renseignement

Outre Google, d’autres acteurs, notamment les agences de renseignement et les entreprises de cybersécurité, utilisent le fingerprinting pour identifier des menaces.

Détection des activités suspectes et lutte contre le terrorisme

Les agences comme la NSA, la DGSI ou le GCHQ croisent des empreintes numériques pour suivre des individus suspectés d’activités illicites.

  • Corrélation d’empreintes sur plusieurs plateformes pour identifier un utilisateur malgré l’usage de VPN ou de Tor.
  • Analyse comportementale avancée pour détecter des activités anormales.
  • Traçage des connexions à des forums sensibles pour surveiller des individus ciblés.
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Cyberattaques et tracking des hackers

  • Détection des botnets et outils automatisés utilisés pour des cyberattaques.
  • Identification des attaquants malgré des changements d’adresse IP.
  • Suivi des cybercriminels à travers différents appareils et sessions anonymes.

Peut-on Contourner le Fingerprinting ?

Le fingerprinting étant une technique avancée, il est difficile de s’en protéger complètement, mais certaines stratégies permettent de limiter son efficacité.

Solutions pour limiter l’empreinte numérique

  • Utiliser des navigateurs anti-fingerprinting comme Brave, LibreWolf ou Tor Browser.
  • Modifier l’User-Agent régulièrement.
  • Utiliser un VPN avec rotation d’IP et un système d’exploitation dédié à l’anonymat (ex : Tails, Whonix).
  • Désactiver WebGL, WebRTC et bloquer JavaScript (fort impact sur l’expérience utilisateur mais réduit les fuites de données).
  • Utiliser des extensions comme uBlock Origin, Privacy Badger, CanvasBlocker pour limiter la collecte d’infos.

Mélanger son trafic avec d’autres utilisateurs

  • Passer par le réseau Tor avec des ponts (bridges) pour éviter le fingerprinting classique.
  • Naviguer en mode incognito et utiliser des VPN multi-hop.
  • Changer régulièrement de navigateur et d’environnement de navigation.

Cependant, aucune de ces méthodes ne garantit une anonymisation totale. Un fingerprinting avancé combine plusieurs techniques et peut suivre un utilisateur malgré ses précautions.

Essaie de penser…

Le fingerprinting est devenu la nouvelle arme du tracking en ligne, remplaçant progressivement les cookies. Google l’utilise à des fins publicitaires, de sécurité et d’optimisation des services, tandis que les agences de renseignement et les entreprises de cybersécurité l’exploitent pour identifier des menaces.

L’Europe tente de réglementer ces pratiques, mais sans réelle compréhension des mécanismes sous-jacents. Pendant ce temps, Google et les autres géants du numérique feignent de se conformer tout en exploitant la situation à leur avantage. Comme au judo, ils utilisent la force du règlement pour renforcer leur position sur le long terme.

L’analyse des données devient une arme redoutable : le croisement des informations permet non seulement un suivi précis, mais aussi l’identification des anomalies comportementales ou des tentatives de dissimulation. Ces avancées permettent un tri ultra-efficace de la masse d’informations, rendant la surveillance encore plus intrusive et précise.

Le « Big Brother » est déjà là, il ne manque plus que la standardisation de la reconnaissance faciale dans nos villes. Ironiquement, aucune couverture médiatique ne vient freiner cette généralisation, signe d’une politique du fait accompli. Et les États dans tout ça ? Ils sont tout autant tracés que leurs citoyens – peut-être est-ce là la preuve que nous avons déjà dépassé le point de non-retour.