Ne faites jamais confiance à la justice de votre pays : une charge implacable contre une institution sous influence

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Peut-on vraiment faire confiance à la justice française ?
Dans son ouvrage au titre volontairement provocateur, Ne faites jamais confiance à la justice de votre pays, l’ancien juge Claude Butin lève le voile sur une réalité dérangeante : celle d’une justice qui, loin d’être un contre-pouvoir indépendant, fonctionnerait parfois comme un rouage parmi d’autres au service du pouvoir politique.

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Un témoignage rare et lucide de l’intérieur

Claude Butin n’est pas un militant. Il n’est pas non plus un polémiste. C’est un magistrat expérimenté, devenu juge d’instruction, qui livre dans ce livre un témoignage sincère, nourri de plusieurs décennies d’observation et de pratique judiciaire. À travers ses propres expériences et une analyse rigoureuse du fonctionnement de l’institution, il expose une justice de plus en plus encadrée, hiérarchisée, et parfois instrumentalisée.

Selon lui, les magistrats ne sont plus aujourd’hui les garants indépendants de l’État de droit. Pressés par des logiques de rendement, surveillés par leur hiérarchie, ils sont parfois contraints de rendre des décisions plus conformes aux attentes politiques ou médiatiques qu’à une stricte application du droit.

Une justice sous influence ?

Le constat dressé par Butin entre en résonance avec des affaires récentes ayant secoué la sphère politique française. La condamnation de l’ancien président Nicolas Sarkozy, puis plus récemment celle de Marine Le Pen à une peine d’inéligibilité, ont relancé le débat sur la neutralité de l’appareil judiciaire. Ces décisions sont-elles de simples applications du droit, ou traduisent-elles une volonté de mise au pas des figures politiques dérangeantes ?

Butin montre comment les gouvernements successifs – quelle que soit leur couleur politique – ont pu, par le biais de nominations, de réformes ou de pressions, tenter d’orienter les priorités de la justice. Il évoque notamment les pressions exercées sur les parquets, qui restent directement hiérarchisés par le ministère de la Justice.

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Un système d’évaluation perverti

Parmi les passages les plus édifiants du livre, on trouve une critique acerbe du système d’évaluation des magistrats. Désormais, la « performance » d’un juge se mesure à la quantité d’affaires traitées ou à sa conformité avec les attentes hiérarchiques – non à la qualité de ses décisions. Cette logique de rentabilité, typique du management moderne, dénature le rôle du magistrat et crée un climat de méfiance, voire d’auto-censure.

Une démocratie affaiblie si la justice vacille

En démocratie, la justice est censée être le dernier rempart contre l’arbitraire. Lorsqu’elle devient suspecte de partialité, c’est toute la confiance des citoyens dans les institutions qui vacille. Le livre de Claude Butin, loin d’être un brûlot idéologique, est un appel à la vigilance. Il invite les citoyens, les juristes, mais aussi les responsables politiques, à repenser le rôle de la justice et à garantir son indépendance effective.

Conclusion

Ne faites jamais confiance à la justice de votre pays n’est pas un livre contre la justice – c’est un livre pour une justice meilleure. Claude Butin, avec la gravité d’un homme de loi et la liberté de ton d’un retraité désabusé, y signe un plaidoyer sans concession.

Rien n’est jamais parfait. Mais de tels ouvrages ont le mérite de briser les illusions, de poser les bonnes questions, et surtout de permettre une compréhension lucide de la réalité.

Car la vérité, même dérangeante, est le seul maître étalon des changements positifs.