Depuis le 19 juin 2025, l’EPR de Flamanville est à l’arrêt. En cause : un dysfonctionnement grave sur l’une des trois soupapes de sécurité du pressuriseur du réacteur nucléaire. Selon la CRIIRAD (Commission de Recherche et d’Information Indépendante sur la Radioactivité), l’incident n’est pas anodin : il pourrait conduire, en cas de défaillance prolongée, à un accident nucléaire majeur.
Sommaire de l'article
Qu’est-ce qui s’est passé exactement ?
Le pressuriseur est un élément clé du circuit primaire d’un réacteur nucléaire : il maintient l’eau sous très haute pression (plus de 150 bars) pour éviter qu’elle ne se transforme en vapeur.
Une de ses soupapes de sécurité est restée bloquée en position ouverte.
Conséquences directes :
- Perte de confinement de la pression.
- Risque de fuite de matières radioactives.
- Danger d’explosion par accumulation d’hydrogène si la situation n’est pas maîtrisée rapidement.
EDF a procédé à un arrêt immédiat du réacteur, mais la CRIIRAD rappelle que le bon fonctionnement de ces soupapes est vital pour éviter un scénario de type fusion du cœur.
Pourquoi c’est préoccupant
La CRIIRAD insiste sur deux points qui inquiètent :
- Antécédents de défaillance : le problème de fiabilité des soupapes était déjà connu avant la mise en service de l’EPR.
- Mise en service malgré les risques : l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) a autorisé le démarrage du réacteur en 2024, en acceptant des dérogations à certains principes de sûreté.
En clair : l’incident n’est pas une surprise technique, mais le résultat d’un choix assumé de démarrer l’EPR avec des composants critiques jugés non conformes aux standards habituels.
Les impacts possibles
Sur la sûreté nucléaire
Un défaut de soupape n’est pas un “petit problème” : c’est une barrière de sécurité primaire.
Un blocage en position ouverte peut, dans certains scénarios, mener à une fusion partielle ou totale du cœur du réacteur.
Sur l’image du programme EPR
L’EPR de Flamanville, déjà retardé de plus de 10 ans et multiplié par quatre en coût, voit sa crédibilité encore fragilisée.
Ces incidents posent aussi la question du déploiement futur des EPR2, qui reprennent une partie de sa conception.
Sur le débat public
En France comme ailleurs, les pro et anti-nucléaires vont se saisir de cet épisode :
- Les premiers souligneront que les systèmes de protection ont fonctionné.
- Les seconds mettront en avant que des risques connus ont été volontairement acceptés.
Pourquoi c’est important de suivre cette affaire
Pour les lecteurs de Nerdtek, ce dossier est un cas concret d’ingénierie critique :
- Gestion des risques : comment un défaut connu peut-il être “accepté” au lancement d’un projet stratégique ?
- Fiabilité technique : qu’est-ce que cela révèle sur le contrôle qualité dans l’industrie nucléaire ?
- Transparence : la CRIIRAD joue un rôle clé d’alerte indépendante, complémentaire aux informations officielles d’EDF et de l’ASN.
📌 Pour aller plus loin :
- Communiqué officiel de la CRIIRAD : Lire ici