Luc Besson livre en 2025 sa version de Dracula, adaptation libre du roman de Bram Stoker, avec un regard différent sur Vlad : pas seulement le monstre, mais l’homme, le prince, celui qui souffre. Le film se distingue non pas en révolutionnant tout, mais en proposant une relecture romantique et tragique du mythe vampirique.
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Ce qui fonctionne
Le jeu d’acteur est une des forces principales. Caleb Landry Jones incarne Vlad / Dracula avec une douleur intérieure et une mélancolie convaincante. Christoph Waltz, dans le rôle du prêtre qui traque Dracula, apporte une présence à la fois majestueuse et inquiétante. La relation intime, le drame personnel de Dracula — la perte, l’amour, l’obsession — donnent au personnage une dimension d’anti-héros plus émouvant que terrifiant.
L’histoire choisit une adaptation romantique. Besson ne cherche pas à faire un simple film d’horreur, il met l’accent sur la tragédie, l’amour perdu et la damnation morale plus que sur le sang. L’idée que Dracula soit surtout un être maudit qui erre et souffre renouvelle le vieux mythe.
L’ambiance et la direction artistique participent beaucoup à la réussite. Costumes, décors et atmosphère gothique installent un univers sombre et pesant. La musique de Danny Elfman ajoute des moments de poésie et d’horreur bien dosés.
Ce qui pourrait être amélioré
La comparaison avec les précédents Dracula est inévitable. Le film de Coppola reste une référence baroque et intense. Ici, le ton est plus sobre et l’audace visuelle plus mesurée. La narration peut sembler trop bavarde et le film hésite parfois entre horreur, romance et mélodrame.
Sur l’originalité, même si Besson propose une relecture, de nombreux éléments sont repris tels quels, donnant parfois une impression de déjà-vu. Certains effets ou scènes paraissent calibrés pour un public large, moins audacieux que ce que l’on aurait pu espérer.
Enfin, le ton général vise surtout les amateurs de drames gothiques et d’histoires d’amour sombres. Les spectateurs cherchant un film d’horreur pur risquent de trouver l’ensemble trop mélancolique.
Dracula de Coppola reste une référence
Le film de Coppola en 1992, avec Gary Oldman, reste inégalé pour son mélange de romantisme, d’horreur et d’esthétique baroque. La mise en scène audacieuse et les décors marquent encore les mémoires. Il a établi un standard, celui de Dracula comme figure tragique, élégante et terrifiante à la fois. C’est la raison pour laquelle toutes les nouvelles adaptations sont comparées à lui.
Pourquoi le Dracula de Besson a sa place
Cette nouvelle version choisit de montrer Vlad non seulement comme le vampire monstrueux, mais aussi comme l’homme blessé et maudit. Le retour au drame gothique rappelle que le mythe est aussi une grande histoire d’amour contrariée. Dans un paysage où les blockbusters vampiriques tendent vers l’action ou l’horreur pure, ce mélange de romantisme et d’épique démontre qu’il y a encore de la place pour des visions personnelles.
Le film enrichit le mythe au lieu de le répéter. Il ouvre la voie à d’autres relectures, notamment dans un contexte où les mythes se réinventent sans cesse.
Verdict
Dracula de Luc Besson n’est pas un chef-d’œuvre définitif mais c’est un film à voir si l’on aime l’univers gothique et les adaptations libres qui privilégient l’émotion. Il ne remplace pas le Dracula de Coppola mais il trouve sa juste place dans la longue tradition des représentations de Vlad Tepes et de Dracula, en ajoutant sa propre touche française.