Dernière mise à jour le 11 décembre 2024 à 11:08
Depuis des décennies, les véritables stratèges – souvent issus des rangs militaires – observent avec une certaine consternation le spectacle offert par des pseudo-experts en guerre et sécurité. Ces derniers, bien que souvent éloignés du terrain, s’érigent en analystes de haut vol sur les plateaux télé, expliquant laborieusement ce que les militaires savent depuis toujours. Prenons un instant pour examiner cette ironie.
Sommaire de l'article
Les racines de l’incompétence : Une méconnaissance des fondamentaux
Les politiciens et leur fascination pour le “choc frontal”
Alors que des penseurs comme Sun Tzu ou Carl von Clausewitz enseignaient déjà il y a des siècles que la guerre est un art subtil basé sur l’anticipation et la ruse, nos chers décideurs politiques persistent dans leur vision simpliste des conflits : une confrontation frontale “bien propre”, avec des défilés d’armées et des drapeaux qui flottent. Cette vision, digne d’un roman d’histoire pour adolescents, occulte la réalité complexe de la guerre moderne.
- Les militaires, eux, savent que la guerre est multifacette : économie, technologie, psychologie, information. Pas besoin de diviser le monde en “bons” et “méchants”.
- Pendant ce temps, les pseudo-experts pontifient sur les menaces visibles, ignorant superbement les tactiques asymétriques qui évoluent depuis des décennies.
Les pseudo-experts de l’urgence perpétuelle
Il y a ces analystes qui débarquent en cas de crise : nouvelle cyberattaque, vague terroriste, ou conflit hybride. Leur discours tourne autour de formules toutes faites (“Nous n’étions pas prêts”, “Un tournant historique”), comme si ces menaces étaient des phénomènes aussi soudains qu’un orage d’été.
- Les militaires, eux, anticipent depuis toujours. Dès les années 1960, des ouvrages comme L’Épée de Damoclès du Gal Gambiez mettaient en lumière les tactiques indirectes. La guerre hybride ? Rien de nouveau sous le soleil.
- Les pseudo-experts préfèrent ignorer la continuité historique et s’émerveiller de concepts bien rodés comme s’ils venaient d’être inventés.
La guerre moderne : une vieille histoire pour les vrais stratèges
La “guerre en style indirect” : du passé au présent
Gambiez et d’autres militaires ont longtemps souligné que la guerre moderne repose sur des stratégies indirectes, loin des confrontations frontales spectaculaires :
- Guérilla et sabotage : Des tactiques employées par des insurgés depuis des siècles.
- Déstabilisation interne : La manipulation des populations locales ou des élites, un pilier des conflits asymétriques.
Aujourd’hui, ces mêmes principes prennent de nouvelles formes avec les cyberattaques, les campagnes de désinformation, et les opérations hybrides. Rien de vraiment “révolutionnaire”, mais essayez de le dire aux experts des plateaux…
La guerre de l’information : une arme classique à l’ère numérique
Depuis la propagande des années 30 jusqu’aux fake news modernes, la guerre de l’information n’a jamais disparu. Pourtant :
- Les pseudo-experts découvrent “l’impact des réseaux sociaux sur les démocraties”.
- Les militaires, eux, appliquent depuis des décennies des doctrines sur l’influence psychologique et la désinformation.
Pourquoi cette ignorance perdure-t-elle ?
Un manque de respect pour les militaires
Dans de nombreuses sphères politiques ou médiatiques, on associe encore les militaires à des figures brutales, centrées sur la force physique. Leur expertise stratégique, pourtant issue d’années d’études et de terrain, est souvent sous-estimée.
- Exemple flagrant : La surprise feinte face aux cyberattaques massives, pourtant signalées par des analystes militaires dès les années 90.
Le goût du sensationnel
Les pseudo-experts doivent capter l’attention du public. Pour ce faire, ils dramatisent chaque événement comme une nouveauté absolue :
- Une cyberattaque ? “La Troisième Guerre mondiale est là !”
- Une opération hybride ? “Un tournant géopolitique historique !” Pendant ce temps, les stratèges militaires se contentent d’observer, en sachant que ces phénomènes s’inscrivent dans une longue continuité.
Que pouvons-nous apprendre des vrais experts ?
Respecter la profondeur de l’analyse militaire
Les théoriciens militaires, comme Gambiez, ont longtemps insisté sur la nécessité de penser la guerre comme un processus global et non comme un simple affrontement physique. Ignorer ces leçons, c’est courir droit à l’échec.
Combiner expertise civile et militaire
Si les pseudo-experts apportent souvent une vision technocratique intéressante, elle doit être enrichie par l’expérience du terrain et des doctrines historiques.
Conclusion : Quand les pseudo-experts descendent des plateaux
La guerre moderne n’a jamais été un concept caché. Elle évolue, certes, mais ses principes fondamentaux restent les mêmes. Les militaires, armés de siècles d’expérience et d’analyses, le savent bien. Il serait temps que les pseudo-experts et les politiciens descendent des nuages et apprennent à écouter ceux qui comprennent réellement la complexité de ces enjeux.
Alors, avant de crier à la “nouveauté” face à chaque crise, rappelons-nous que les vraies réponses résident dans les leçons du passé, solidement ancrées dans l’histoire et les doctrines militaires.